Le centre maternel héberge des familles monoparentales avec leur(s) enfant(s) de moins de 3 ans et leur propose un accompagnement dans le cadre de leur maternité/paternité. Les personnes accueillies ont souvent des histoires de vie très difficiles avec un parcours familial et personnel chaotique. Depuis 2-3 ans, le CM accueille de plus en plus de femmes ou d’hommes issus d’un parcours migratoire (cela représente environ ¼ des personnes accueillies en ce moment). Le thème est centré autour d'un moment partage entre les différentes familles issues chacune d'une histoire de vie complexe (parcours migratoire, violences, errance...). L'objectif étant de trouver une activité de partage, amenant un souffle et une bulle d’air ludique. Ainsi la musique semble regrouper toutes les caractéristiques pour faire sens à chacun. En effet c’est un moyen multiculturel, universel qui permet de faire du lien avec ses pairs « par le biais de la musique on peut plus facilement entrer en communication et se comprendre sur ce sujet ». La musique permet de s’évader et d’emmener des parenthèses de plaisir. De plus, les ateliers viennent s'inscrire dans le soutien à la parentalité proposé au sein du centre maternel.
1er groupe : 6 dyades mère-enfant.
La création du groupe a été constituée avec quelques difficultés. En effet, nous avions le souhait de pouvoir vivre les ateliers sans masque (celui-ci a dû être porté à nouveau après la première séance), dans l’intérêt d’abord des enfants. Pour cela, les mamans devaient présenter le pass sanitaire, ce qui a donc exclu certaines personnes. Dans les faits, les femmes issues de parcours migratoires étaient plus méfiantes à l’égard de la vaccination. Les critères ont complexifié la participation et nous ont conduit davantage à aller chercher des mamans répondant à ces derniers et pour lesquelles nous pensions ce projet d’éveil musical porteur dans le lien à leur enfant.
Les origines culturelles de ses mamans étaient diverses (Ivoirienne, Algérienne, Française, Guinéenne…). L’âge des enfants était assez large compris entre 3mois et demi et 18 mois.
L’esprit de groupe a peu émergé au cours de ce cycle. Ce dernier a été vécu plutôt de manière individuelle comme un temps de partage entre la mère et son enfant.
Nous parlerons davantage de ce que ça a pu apporter/créer dans le lien mère-enfant. Car malgré cette individualité, nous avons pu observer de beaux échanges entre l’enfant et sa maman (et vice versa) :
2ème groupe : Groupe constitué de 6 dyades mères-enfant qui ont pour moitié exprimé le souhait d’y participer. Nous avons, au sein du centre maternel, été chercher celles pour qui nous pensions ce projet d’éveil à la musique porteur dans le lien à leur enfant.
Les origines culturelles de ces familles étaient diverses : Congo, Côte d’Ivoire, Soudan, France. Pour certaines, l’arrivée récente en France rendait l’accès à la langue française encore difficile. Pour autant, au travers de la musique et des chants, elles ont pu s’inscrire et prendre leurs places sur cet atelier.
Les enfants qui en ont bénéficié étaient âgés entre 5 mois et 1 an. La plupart étaient non-marcheurs. Dès la première séance, ils ont montré leurs intérêts pour le chant, les rythmes : regard soutenu vers l’intervenante, mise en mouvement du corps à l’écoute des sons, approche et exploration des instruments au fur et à mesure plus diverse et plus élaborée. Certaines mamans ont été surprises de voir leurs enfants aussi attentifs « j’aurais pu penser qu’il était trop petit ». Toutes ont soutenu leur découverte, reprenant les gestes, les chants, les encourageants à jouer, à s’éveiller. Les mamans se sont mises naturellement à hauteur de leurs enfants, dans la lecture et la volonté de comprendre ce qu’ils pouvaient exprimer. Globalement, les enfants ont vécu ces ateliers dans la détente. Dans les moments d’inconforts, les mamans ont montré leurs capacités à proposer différents outils : changement de position, portage à bras, bercement, retrait du groupe, objet qui rassure comme la tétine ou le sein.
Le déroulement de ce cycle de 6 séances s’est fait dans une ambiance bienveillante et de plaisir « bulle d’ailleurs » selon une maman. Pour une autre, c’est un moment où elle laissait de côté ses tracas du quotidien. Toutes avaient envie d’être là. Aussi, elles se sont montrées ponctuelles et autonomes dans leur préparation et celle de leur enfant à qui elle parlait de cet atelier.
Nous avons eu la chance de pouvoir vivre et faire vivre ce second cycle sans les masques, condition qui a sans doute favorisé les échanges.
Une identité de groupe a rapidement immergé. Les jeunes femmes se sont montrées curieuses d’aller à la rencontre de l’autre, de partager autour de ce moment qui fédérait. Pour autant, chacune l’a investi à sa manière avec plus ou moins d’implication dans le groupe.
Elles ont toutes ensemble « porter » les enfants, chacune ayant un regard, une attention ou parfois un conseil sur l’enfant de l’autre. Le fait que leur enfant soit regardé par d’autres était pour elle valorisant, nourrissant. Elles ont aussi encouragé les moments de rencontre et d’échange entre leurs enfants : rencontre autour d’un objet, d’un instrument de musique, accompagnement de cette rencontre. Elles ont pu observer l’évolution de certains : confiance de l’enfant qui s’autorise à s’écarter de maman, évolution motrice, rencontre de l’autre.
Certaines ont continué à se saluer au-delà des ateliers. D’autres ont prolongé les rencontres en continuant à être en lien et à faire jouer leurs enfants ensemble ou côte à côte.
Conclusion :
Dans les deux groupes nous avons pu remarquer un moment de partage et de plaisir à être avec son enfant. La continuité a permis à chacun d’avancer à son rythme et de se poser.
Les retours des jeunes femmes sont positifs. Cela a également pu s’observer par la mobilisation et la présence à chaque séance.
Concernant l’esprit collectif, il diffère d’un groupe à l’autre. Lorsque celui-ci opère, il amène un autre dynamisme aux séances en les rendant encore plus fluides et spontanées.
Nous mettons quelques hypothèses sur le manque d’alchimie du 1er groupe :
Pour conclure, les ateliers d’éveil culturel à destination des familles que nous accueillons, est véritablement un outil supplémentaire qui vient étayer nos missions de soutien du lien mère-enfant.
Questionnaires de satisfaction complétés par les participantes à la fin de la session. Beaucoup de positif, cet espace offre « une bulle d’air ».
Petites notes de parentalités bis a pu être mis en place en totalité (pas d’arrêt lié au contexte covid).
Être porteur d’un projet demande toujours une souplesse et une adaptabilité.
Ce projet permet de voir les mères sur l’extérieur, dans un lieu neutre. Il amène aussi une autre place pour les professionnels qui sont davantage dans un rôle de soutien car l’atelier est mené par une intervenante. Il nous permet alors de nous décaler de nos missions « habituelles » et d’être tous au même niveau de participation. Ainsi, les jeunes femmes peuvent nous voir dans une autre posture. Enfin, les supports utilisés par l’intervenante peuvent nous servir par la suite. Ce sont des outils que nous pouvons reprendre dans notre pratique professionnelle.